Ce mois-ci, j’ai décidé d’assigner le prix Beurk Design non pas un produit mais à une tendance. État d’origine italienne, mais ayant vécu et travaillé dans cinq autres pays, je suis toujours étonné de voir combien de produits et parfois même de marques font semblant d’être italiens. Je me souviens d’avoir travaillé, lorsque j’étais étudiant, dans un restaurant de Denver Colorado, aux États-Unis, qui s’appelait Fratelli’s, restaurants qui servait toute une panoplie des plats italiens, mais ne comptait pas un seul italien dans sa cuisine, ni dans tout le personnel.

Même en France, l’appellation « sandwichs » (en anglais correct serait sandwiches) est en train de laisser la place à « paninni », écrit aussi souvent « pannini », versions parfois correctes, parfois erronées de l’italien « panini ».

Pizza et pasta sont parmi les mots les plus connus au monde, pourtant leur popularité n’apporte pas un seul centime dans les caisses italiennes, à différence de champagne et Coca-Cola qui apportent des milliards dans les caisses françaises et américaines.

Je trouve tout cela assez normal, mais ce qui me semble un peu grotesque, c’est de coller un nom italien à des produits originairement conçus en Italie, mais fabriqués dans un autre pays. Voilà pourquoi cette habitude mérite le prix Beurk Design. C’est les cas, par exemple, du discount Lidl, qui offre des produits avec des marques aux nom qui semble tout à fait italien, comme la mozzarella Lovilio, qui était produite en Allemagne, ou les pâtes Combino, qui ont d’ailleurs un excellent rapport qualité-prix. L’image ci-dessous est un exemple des marques pseudo italiennes du Lidl:

marques pseudo italiennes du Lidl

Lancia Flavia

Après seulement 18 mois de son lancement, la production du cabriolet Lancia Flavia a été interrompue à jamais. En effet, au lieu de 2000 voitures que Lancia entendait vendre sur le marché italien en 2013, seulement 225 exemplaires de ces cabriolets ont été vendus, en dépit d’un lancement publicitaire retentissant et d’une réduction de prix de 13 000 €, de 37.900 euro à 24.900 euro. Il s’agit d’un échec commercial d’autant plus cuisant que le groupe Fiat, propriétaire de Lancia, d’Alfa-Romeo et de Chrysler, à toujours eu une tradition de réussite dans le design de belles voitures. Il suffit de jetter un coup d’œil à l’Alfa Romeo 4C, ci-dessous, que FHM Magazine, le magazine de mode dédié au grand public du Royaume-Uni,  a nommé «Voiture de l’Année 2013», la jugeant la voiture à laquelle la majorité des citoyens britanniques aspirent, la plus admirée et désirée.

Alfa-Romeo design : la 4C

Donc voici les raisons de l’attribution du prix beurk design à la Lancia Flavia :

1. il y a beaucoup de raisons d’admirer les États-Unis, mais il faut aussi être conscient de ses capacités : le design italien des meubles et des voitures n’a rien à envier au design américain : alors pourquoi essayer de vendre en Europe une voiture au design américain?
2. vu le prix de l’essence, et la mineure consommation des voitures diesel, pourquoi ce cabriolet était disponible seulement en version essence?
3. pourquoi appeler Lancia une voiture que de la Lancia n’a strictement rien, ni esthétiquement, ni du côté de la mécanique ?

Je suis heureux d’introduire le Prix Beurk Design du mois : chaque mois, on assigne un prix à un design drôlement louphoque.  On ne mentionnera pas le designer, à la fois parce qu’il n’est pas sympathique de critiquer les autres pour s’amuser, mais surtout parce que très souvent le créateur même sait très bien qu’il a conçu son drôle de chef-d’œuvre pour s’amuser ou pour donner aux autres l’occasion de rigoler un peu, généreusement.

Voici la photo du lauréat beurk design de novembre, la hérisshirt :

beurk design : la hérisshirt

Le but de cette veste design, c’est d’empêcher que les autres voyageurs  vous écrasent quand le métro est plein à craquer. Le prix beurk design est vachement bien mérité : il suffit de voir les regards des autres voyageurs, on peut lire « beurk » sur leurs grimaces.  Il ne s’agit pas non plus d’une pose artificielle voulue pour gagner le prestigieux prix beurk design. La tache de sueur sous l’aisselle du voyageur à droite démontre bien qu’il s’agit d’une photo spontanée.

1. beurk : la pauvre fille ressemble à un hérisson
2. beurk : si cette mode se diffusait, les voyageurs resteraient enchevêtrés les uns dans les autres quand les métros sont pleins
3. beurk : on ne pourrait même pas échanger une bise avec cette fille sans subir des piqûres douloureuses
4. beurk : si le porteur de hérisshirt heurte un autre voyageur à cause des inévitables sécousses du métro, il risque de le transpercer

Il est vrai, néanmoins, que cette shirt-hérisson serait efficace pour tenir à l’écart les maniaques sexuels qui profitent des transports publics pour toucher abusivement les filles…